Jean-Marie Donat
Né en 1962 à Paris, Jean-Marie Donat est artiste-iconographe, collectionneur de photographies et éditeur. Sa collection constituée sur plus de trente ans, regroupe près de 40 000 photographies, ektachromes et négatifs provenant du monde entier et couvre plus d’un siècle d’histoire de la photographie (1880-1990). Elle est principalement composée d’images vernaculaires, photos d'amateurs, d'anonymes choisies pour le témoignage culturel et social qu’elles véhiculent, mais aussi pour l’humanité profonde qui en émane. À partir de ce travail de sédimentation sur le temps long et d’introspection sur ce fonds, J.-M. Donat construit depuis les années 80, ce corpus photographique avec la volonté de donner une lecture singulière du XXe siècle.
Les séries photographiques issues de sa collection font l'objet de plusieurs ouvrages et d'expositions internationales, notamment aux Rencontres d’Arles (2015, 2023), à la triennale d'Hambourg (2018), au Musée de la Photographie de Lianzhou (Chine, 2019), à Image Vevey (Suisse, 2020) et au Centquatre-Paris (2022). En parallèle de sa pratique artistique, J.-M. Donat exerce dans l’édition depuis 40 ans. Il dirige aujourd’hui l’agence de création éditoriale AllRight.
Il a également fondé en 2015 les Éditions Innocences, maison d’édition dédiée à l’image sous toutes ses formes. En 2023, il cofonde le Vernacular Social Club, association internationale rassemblant amateurs, collectionneurs et professionnels autour de la photographie vernaculaire.
ne m’oublie pas
extrait de la série & installation vidéo présentés au festival cargo 2024
Les visages sont sérieux, les attitudes solennelles et les tenues européennes, une manière de marquer un nouvel ancrage. Ils arrivent d’Afrique du Nord, d’Algérie pour la plupart, d’Afrique subsaharienne mais aussi des Comores. Leur portrait vient des archives du Studio Rex, un studio photo familial, implanté depuis deux générations à Belsunce et qui a fermé ses portes en 2018. Dans ce quartier emblématique de Marseille, zone de transit coincée entre la gare et le vieux port, séjournent brièvement les émigrés fraîchement débarqués.
Voilà dix ans que je possède ce riche fonds photographique composé de dizaines de milliers d’images prises entre 1966 et 1985. À force de juxtaposer, de sélectionner et d’assembler ces « images-traces » liant l’intime à la preuve historique, il en ressort un travail mémoriel iconographique de grande ampleur. articulé autour de trois typologies de photographies que sont les photos de portefeuille, les portraits de studio et les photos d’identité.
De cette houle cosmopolite, il ne reste ni nom, ni date, ni récit. Mes installations veulent redonner corps à ces personnes invisibilisées par l’Histoire. Grâce à ces photos de la preuve, de la trace et du souvenir, se retisse alors le dialogue entre les deux rives méditerranéennes. Ne m’oublie pas est une passerelle reliant la France à l’Afrique, un pont mémoriel entre le passé et le présent, un voyage, celui du migrant et la photo, qui réhabilite notre mémoire.